Appel des 40 pour un plan de déconfinement antisexiste
Communiqué de presse du 10/03/2021
Un an après le premier confinement contre la pandémie de COVID19, en mars 2021, Ensemble Contre le Sexisme s’interroge et dresse un bilan. Qu’est-ce qui a changé dans le domaine des droits fondamentaux des femmes ? Quels sont les enseignements de cette crise pour les femmes et pour notre société ? Le collectif lance un appel à la vigilance pour construire un monde plus juste et égalitaire entre les femmes et les hommes et pour défendre les libertés individuelles et collectives.
« Les leçons de cette crise ? – Un brutal coup de projecteur : sur la place des femmes dans la société, trop souvent en bas de la hiérarchie… Où est donc l’égalité ?
– Un poids de plus en plus lourd à porter : charges au foyer, dans l’éducation, violences démultipliées…Où est donc le partage ?
– Le sentiment d’un retour en arrière, comme dans toutes situations de guerre, comme dans toute crise, suivant la prédiction de Simone de Beauvoir. Comment imaginer le futur tandis que le sexisme nous a immédiatement montré qu’il relevait la tête, si ce n’est en le combattant à sa source, dans les esprits ?
Mais la crise permet aussi des prises de conscience, des changements de mentalité et la solidarité entre les femmes … D’où notre proposition pour construire le monde d’après ! » constate Moïra Sauvage, co-présidente du collectif « Ensemble contre le sexisme » et administratrice d’ »Excision, parlons-en ! ».
Lutter contre le sexisme, c’est défendre les droits fondamentaux des femmes, que la crise sanitaire renvoie aux archaïsmes de leur condition. Les 40 associations réunies dans le collectif « Ensemble contre le sexisme », déclarent l’état d’urgence contre le sexisme.
Mobilisé.es au quotidien contre les inégalités entre les femmes et les hommes dans nos associations, nos entreprises, nos réseaux professionnels ou nos administrations respectives, nous sommes partagé.es entre admiration et indignation.
Admiration, d’abord : c’est grâce à l’abnégation des métiers à prédominance féminine que les besoins essentiels de la population ont été couverts. Ce n’est (plus) un secret pour personne : les femmes sont majoritaires dans les domaines du soin, de l’éducation et de l’aide à la personne. Il est urgent de revaloriser, reconnaître et rémunérer ces métiers.
Indignation, ensuite, parce que l’effort immense des femmes est aujourd’hui plus visible que les femmes elles-mêmes ! Combien de couvertures de journaux usant exclusivement du masculin pour décrire la mobilisation de la nation ? Combien de photographies de réunions non-mixtes, alignant les costumes-cravates sur fond de décisions urgentes à prendre ? Tant d’experts pour si peu de sachantes… Combien d’applaudissements vains si la réalité de celles qui ont permis notre déconfinement est niée ?
Il est temps de prendre conscience que notre société sexiste est bâtie sur le patriarcat qui implique une hiérarchie entre les sexes.
Les femmes ne veulent ni médailles, ni promesses, ni considération feinte.
Nous exigeons un plan de déconfinement antisexiste. Et, pour commencer, des mesures rapides et concrètes :
- Refonder les rémunérations sur les valeurs effectives des métiers.
- Contrôler la mise en place effective de l’égalité salariale dans les entreprises et la fonction publique et sanctionner financièrement les manquements.
- Sanctuariser les budgets dédiés à l’Égalité et la Diversité, et rendre obligatoires les formations contre le sexisme pour toutes et tous dans les entreprises de plus de 10 salarié.es.
- Généraliser à tous les secteurs professionnels la création d’une cellule d’écoute et d’accompagnement contre les violences sexuelles et sexistes.
- Exiger la parité pour tous les postes à responsabilité et instaurer des sanctions financières dans tous les secteurs privés comme publics (sport, culture, entreprises, etc.)
- Intégrer aux programmes scolaires de tous niveaux une éducation à la culture de l’égalité et à la sexualité et instaurer une journée consacrée à l’égalité entre les filles et les garçons dans tous les établissements scolaires et universitaires.
- Cibler au moins 50% des financements publics à la formation professionnelle des femmes.
- Garantir que l’ensemble des financements publics bénéficient au moins à 50% aux femmes.
- Instaurer l’obligation de 50% de femmes expertes dans les médias.
- Lutter contre les stéréotypes sexistes des représentations des femmes dans les fictions, à la télévision, au cinéma, dans la publicité, etc. et créer une infraction d’atteinte sexiste à l’image.
- Rembourser intégralement toutes les contraceptions et imposer le délai de 14 semaines de grossesse pour l’IVG.
- Rendre obligatoire un congé paternité allongé et rémunéré. Veiller à l’application de la nouvelle règlementation rallongeant le congé paternité à partir de juillet 2021 et aller plus loin en rallongeant le congé paternité à 9 semaines, fractionnables, et en réduisant le congé parental à 9 mois, partageables entre les parents, rémunéré à 75 % du salaire afin d’assurer une plus grande égalité entre les femmes et les hommes.
- Lutter contre l’invisibilité des femmes dans le langage et utiliser l’écriture inclusive dans toutes les communications publiques et privées.
- Valoriser l’héritage culturel, artistique, intellectuel et scientifique des femmes : inscrire le matrimoine, au même titre que le patrimoine, dans les programmes scolaires et universitaires et dans l’espace public.
- Instaurer une journée nationale contre le sexisme.
De même que les plans de relance et de soutien à l’économie doivent être assortis d’exigences climatiques, les politiques publiques entrepreneuriales et managériales de sortie de crise doivent inclure des exigences féministes, selon le principe recommandé par le HCE d’éga-conditionnalité pour que les femmes soient (enfin !) la grande cause du déconfinement.
« Un an après, c’est le risque de voir se creuser les inégalités entre les femmes et les hommes sur le plan économique avec plus de précarité de l’emploi, la multiplication des tâches par le télé-travail et l’accroissement des violences sexistes. Mais c’est aussi l’opportunité de rendre visible et indispensable les femmes qui étaient au front comme les infirmières et de tirer la sonnette d’alarme sur la dévalorisation de ces métiers dits féminins. Si la crise cristallise les tensions et exacerbe les injustices, elle permet de libérer la parole des femmes et favorise la solidarité ou « sororité ». Elle les incite à se rassembler, comme au sein de notre collectif « Ensemble contre le Sexisme » pour changer les mentalités et construire ensemble un monde meilleur plus égalitaire et sans sexisme ! »
conclut Catherine Ladousse, co-présidente du collectif « Ensemble contre le Sexisme » et fondatrice du cercle InterElles.
Les membres d’Ensemble contre le sexisme : AAFA – Tunnel des 50, Administration Moderne, Assemblée des femmes, ASTREA, BECOMTECH, BPW France, Centrale Supélec au Féminin, Centre Hubertine Auclert, Cercle InterElles, Chiennes de garde, Conseil national des femmes françaises, Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF), Dans le genre Égales, Excision, parlons-en !, Femmes Ingénieures, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), Femmes solidaires, Fémix’Sports, Fédération Nationale des CIDFF (FNCIDFF), Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), Financi’Elles, Fondation des Femmes, Global Contact, Grandes Ecoles au Féminin, Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), JUMP, Laboratoire de l’Egalité, Mouvement HF, Mouvement français pour le Planning familial, Observatoire de la qualité de vie au travail, ONU Femmes France, Politiqu’elles, Prenons la une, Science-Po au Féminin, Social Builder, Toutes Femmes, Toutes Communicantes, Union des Jeunes Avocats (UJA), Women in Networking (WIN), Women Safe
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